vendredi 27 septembre 2013

Première semaine au bout du monde.

Après les péripéties habituelles de l'installation en terre inconnue, je peux enfin vous donner les premières nouvelles !

Comme vous vous en doutez, je suis bien arrivée à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie. Le bout du monde... J'ai encore du mal à réaliser que je suis dans une petite ville perdue au milieu de l'un des plus grands désert du monde ! Et pourtant, il est assez évident que je suis bien loin de notre vieille Europe...

La transition culturelle a débuté dès mon arrivée à l'aéroport de Moscou où j'avais 2 petites heures de transit. Des poupées russes richement décorées, des flasques frappées de la faucille et du marteau et une ribambelle d'objets à la gloire de l'Armée Rouge, le tout entassés pêle-mêle dans la zone duty-free de l'aéroport seront le seul aperçu de la Russie que j'aurai avant de repartir vers ma destination finale. 

La petite française que je suis, fraichement diplômée, ne fait alors pas trop sa maline car elle se rend compte qu'en quelques heures de vol, elle est devenue analphabète ! Et ça ne va pas s'arranger...



A 6h00, le samedi 21 septembre, je fais mes premiers pas sur le sol mongol. Nyamaa, un membre de l'alliance française, m'attend avec un grand sourire et mon nom sur une pancarte. Je découvre alors les premières images de la Mongolie à travers la vitre du taxi qui m'emmène vers le centre ville. Le soleil se lève dernière les montagnes arides qui encerclent la capitale. Sur les versants, quelques sapins encore dans l'ombre indiquent que nous sommes déjà haut au-dessus du niveau de la mer. Les premières rayons de lumière chassent la nuit et révèle une énorme et fumante... centrale à charbon. Le paysage se charge alors de hauts bâtiments en construction, de grues, de yourtes éparpillées... l'ensemble ficelé par d'énormes pipelines apportant l'eau en ville. Au fil des rues, les bâtiments vétustes hérités de la période soviétique côtoient des  buildings de verre et d'acier, d'un trottoir à l'autre on change de siècle !

La ville semble avoir du mal à endiguer l'exode rural de ces dernières années et les logements sortent de terre avant même que des routes ne soient construites pour y accéder. Le raccordement anarchique des bâtiments à l'électricité créé un réseau inextricable de câbles électriques au-dessus de nos têtes. Aujourd'hui, 1,2 million de personnes s'entassent à Oulan-Bator, soit quasiment la moitié de la population du pays.

Bienvenu en Mongolie.


Mon appartement est à l'image du pays, un mélange surprenant entre tradition, passé soviétique et modernité. Les couleurs chatoyantes des meubles typiquement mongols égaillent mon espace.



J'ai à ma disposition deux grandes pièces donnant chacune sur un balcon, que je n'utiliserai probablement pas avant l'été prochain. L'espace "cuisine et salle de bain" est assez spartiate. J'ai une baignoire dans laquelle, en plus de mon hygiène corporelle, j'y fait ma vaisselle........ mais au moins j'ai l'Internet haut débit !
Étant dans une résidence "dortoir" construite à l'époque soviétique, les règles sont simples mais strictes : pas de sortie après 23h sans en avertir la logeuse, une vieille dame dont le QG est installé au pied de l'escalier et qui a toujours un oeil sur la tv et l'autre à l’affut du moindre mouvement dans le hall d'entrée ; interdiction de déplacer les meubles dans le logement ; obligation d'avertir la dite logeuse si on invite des amis pour prendre le thé... En ce qui concerne mes voisins, je ne les ai pas encore tous rencontrés, mais je peux d'ors et déjà affirmer que l'un d'entre eux est un excellent chanteur d'opéra !

L'Alliance française est à 20 minutes à pied de chez moi. Je lutte contre moi-même pour ne pas, déjà, sortir mon gros manteau d'hiver, mon bonnet et mes gants, et pourtant... Les premiers flocons de l'année sont tombés 2 jours après mon arrivée... Et comme le chauffage (collectif bien sûr !) n'est pas encore allumé, il faut s'habiller presque autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Faire cours avec manteau et écharpe, c'est une expérience assez originale mais que j'espère être brève...
Ma première semaine de travail s'est très bien passée, il est assez surprenant de voir des gens si éloignés de notre culture être passionnés par le cinéma français et Alexandre Dumas au point de vouloir en apprendre la langue. Les échanges sont extrêmement riches et bien plus qu'un cours de langue, c'est un temps de dialogue entre deux cultures qui se met en place petit à petit.
J'avance à tâtons, je m'interroge, j'essaie de comprendre. La communication n'est pas toujours facile, mais il existe toujours un moyen de se faire comprendre !

Nous fonctionnons tous à peu près pareil sur cette terre, la peur de l'inconnu, de l'étranger cède très vite la place à la curiosité et au partage, il suffit juste de garder son esprit grand ouvert. Le monde livre ses secrets à ceux qui s'y abandonnent...

samedi 14 septembre 2013

Introduction et préparation

Il était écrit que la vie nous réserverait de drôles de surprises.

Je m'étais préparée à partir en République Centrafricaine ; la chaleur et l'humidité d'un pays équatorial, ma première rencontre avec un pays africain dont l'histoire est jusqu'à aujourd'hui plus que chaotique...
La RCA a connu, au mois de mars dernier, un coup d'Etat organisé par le groupe rebelle de la Seleka. Le président de l'époque, M. Bozizé a été destitué et remplacé par un membre de ce groupe rebelle, M. Djotodia. A la suite de cet évènement, le pays s'est retrouvé en proie à de grandes violences de la part des membres de la Seleka et d'autres groupes rebelles dispersés dans le pays. Il est toujours impossible aujourd'hui de faire ne serait-ce qu'une estimation du nombre de viols et de meurtres perpétrés dans le pays depuis la prise de pouvoir par les rebelles. Le conseil de sécurité de l'ONU a publié un communiqué le 14 août dernier décrivant la situation dramatique et extrêmement incertaine du pays. Des préoccupations ont été formulées sur la capacité du nouveau gouvernement à maintenir un service minimum de santé, d'éducation, d'alimentation et de sécurité pour la population. 

Bref, la République Centrafricaine agonise, sombre, meurt,  petit à petit et dans l'indifférence totale de la communauté internationale, bien trop occupée à "ne rien faire" en Syrie...

Autant vous dire que, ces circonstances n'étaient pas pour hâter mon départ... Les responsables de l'Alliance française de Bangui (capitale de la RCA), ne pouvaient m'assurer à 100% que l'Alliance serait ouverte à mon arrivée et un expatrié m'avait clairement fait comprendre que ma mission "n'avait pas de sens" dans ce contexte de guerre civile. 

Après des jours de réflexions et des nuits à les retourner dans ma tête, je me suis rangée du côté de la raison. Des coups de pied au cul auront néanmoins été nécessaires de la part de Camille et de mes parents ! Donc, le 20 août dernier, je décide de ne pas partir en RCA. J'en informe alors la responsable de l'Alliance française de Bangui qui ne semble aucunement surprise ou vexée de ma décision. Je me retrouve, encore une fois, dans l'incertitude et le brouillard. Et maintenant, je fais quoi ?

Parfois, les choses semblent se dérouler d'elles-mêmes, il suffit juste de tirer sur le bon fil. Ainsi, après quelques jours, très stressants pour mes parents autant que pour moi, je trouve une nouvelle offre d'emploi, pour la Mongolie cette fois ! 

 

Un autre continent sous d'autres latitudes, une autre culture et une autre langue ... une nouvelle aventure ? Vous pouvez compter sur moi ! 

La Mongolie... La Mongolie ! Pays des steppes, des chevauchées sauvages et des yourtes, pays du ciel bleu et du froid sibérien, de Gengis Khan et des chameaux qui pleurent... Voilà de quoi me faire oublier le gris de Paris et l’exiguïté de son métro ! Il ne me reste plus qu'à remplacer mes shorts et T-shirts par des polaires et des collants dans ma valise et... à apprendre le mongol... Cela ne va pas être une chose facile d'ailleurs, car il va falloir par la même occasion que j'apprenne à lire et à écrire le cyrillique. Gros défi, auquel je ne peux que répondre : "Challenge accepted !!". 

Dans une petite semaine, j'aurai déjà posé mes valises dans mon chez-moi mongol. J'aurai traversé un quart du globe et perdu 10°C. Je serai en train de m'installer pour un an dans un des pays les plus froids du monde avec des chutes jusqu'à -60°C dans la capitale, Oulan-Bator. J'essayerai de me faire une petite place dans cette population dont la culture millénaire à vu naître, au XIIème siècle, le plus vaste empire que le monde ait connu : l'empire mongol de Gengis Khan.


 Je suis déjà fascinée par ces hommes et ces femmes qui préservent encore un mode de vie nomade profondément respectueux de notre Terre. Qu'avons-nous à apprendre de ce peuple qui entretient un rapport si privilégié avec son environnement ?... environnement pourtant bien plus hostile que le notre ...

Qui sont ces gens qui baptise leur fleuve "Amour" et qui souffre de la famine lorsque l'hiver est trop long ?

J'ai hâte de voir, rencontrer, découvrir et partager ! Mais en attendant... Il va falloir que tout mon petit monde rentre dans ma valise ...