mercredi 4 juin 2014

Des bambins et des têtes blondes

Dimanche dernier, le 1er juin, on fêtait les enfants en Mongolie.


Une kermesse géante avait envahit les rues et les places de la ville. 


Les châteaux gonflables, les vendeurs de barbes à papa, les jeux de fléchettes, les bambins surexcités et les parents gagas. Une preuve supplémentaire, s'il en faut, que nous nous nourrissons tous du même bonheur, celui que l'on partage ! 


Des pitchouns en costume traditionnel et d'autres en tulle de princesse. Sur les épaules de papa ou dans les bras de maman. En mangeant une glace ou en roulant à vélo. Ces mômes respirent l'enfance heureuse. Pourtant, quelques rues plus loin, d'autres enfants, moins chanceux, "mal nés", font la manche ou vendent des chewing-gums. Les contrastes de ce pays sont omni-présents et radicaux. L'extrême pauvreté cotoie l'extrême richesse. L'extrême chaleur se substitue à l'extrême rigueur hivernale. Point de demi-mesure. 

Tu auras tout ou tu n'auras rien. 

Tout nous sera donné, mais nous ne garderons rien. 

Et puis, parmi la foule excitée et festive, ... des têtes blondes, des chevelures frisées, des nezs longs, des pulls quechua et des appareils photos... les touristes ! Comme c'est étrange de revoir ses "semblables" affluer dans la ville qui, tout l'hiver, dormait paisiblement dans sa bulle de glace, à l'écart du monde. Leur présence me pousse dans mes retranchements, me renvoie ma propre image "d'étrangère". Pourtant, je commençais presque à me croire mongole... 

Nous avons fait une tentative un soir, aller prendre une bière dans un bar "d'expat". Echec cuisant. Au-delà de l'accueil bien froid des serveurs, nous nous sommes sentis opressés par l'omni-présence occidentale et nous avons plié bagage dare dare. Ce pays m'aurait-il totalement absorbée, pour que je me sente plus à l'aise dans une cantine mongole que dans un pub irlandais ? 

Hélas, si en hiver nous étions vu comme de curieux personnages affrontant le froid "à la mongol", (tous dans la même galère !) aujourd'hui que l'été arrive amenant les touristes de tout continent, nous sommes assimiliés à cette dernière catégorie et le regard des mongols change. On voit alors se construire dans leur regard comme un mur avec d'un côté le "NOUS" et de l'autre "EUX". 
Monstrueux mur. 
Briques d'ignorance cimentées par la peur. Pourquoi se dresse-t-il si rapidement ? Pourquoi doit-on s'entourer de mur pour se sentir en sécurité ? 

Heureusement, le meilleur vaut cent fois le pire ! 

Ce soir j'ai été invité par mon groupe d'élèves au restaurant.  
Nous avons passé un délicieux moment. L'hilarité générale dès que je prononçais quelques mots en mongol a succédé à la consternation devant l'énumération des trop nombreuses règles de "bienséance" à la table française. 
Ils ont tous pris un malin plaisir à me retirer le monopole de la phrase interrogative. Les questions ont fusé, celle qui revenait le plus souvent étant "Pourquoi tu ne restes pas en Mongolie ?", à quoi je ne pouvais que répondre un long et sincère "heu... bah...". 

Pourquoi je ne resterais pas en Mongolie ? J'avoue avoir considéré la question plusieurs fois... mais le monde est vaste et il y a tant de choses à voir ! 



Notre projet "Portraits de voyageurs, dans les trains d'Asie Centrale et d'Europe" avance bien, nous avons notre premier visa en poche, pour le Kazakhstan ! Vous pouvez bien sûr voir les actualités sur le site :  http://portraits-de-voyageurs.weebly.com/ . 
Nos parrainages progressent aussi, nous sommes maintenant à 58% de financement ( http://www.kisskissbankbank.com/en/projects/portraits-de-voyageurs-dans-les-trains-d-asie-centrale-et-d-europe ) ! Notre projet se concrétise grâce à vous ! MERCI !