mercredi 16 juillet 2014

Au pays des hommes libres

S'il est des pays dans le monde où l'on peut encore trouver des personnes libres, la Mongolie en fait indéniablement partie.



A quoi peut-on reconnaitre une personne libre ? Je ne saurais pas vraiment le dire puisque pour moi, ce mot "libre" est obscure.

Qu'est-ce qu'être libre ?

Ne pas avoir de barrière ? Pouvoir décider de sa vie ? Ne pas avoir de contrainte ?

Ou bien être heureux et se satisfaire de ce que nous offre la vie ?

En Mongolie, on peut rencontrer des gens qui n'on pas de barrière autour de leur maison, pas de montre à leur poignet, pas de boîte aux lettres où s'entassent les factures, pas de frigo où s'amoncellent les produits des quatre coins du monde.






 Ces gens sont riches de la vie qui les entoure, des animaux qui les font vivre et qui leur donne le lait dont ils se nourrissent au quotidien.






Leur yourte, bien petite à nos yeux, rassemble le matériel dont ils ont besoin, ce qui est inutile n'est pas gardé, point de matérialiste et d'accumulation à outrance, la yourte ne le permet pas. Ils sont libres car leur esprit n'est pas pollué par l'anxiété de la conservation, par la peur de manquer, par l'angoisse de l'emploi du temps à respecter.





Leur plus grande richesse n'est pas à l'intérieur de la yourte mais partout ailleurs, leur richesse, c'est leur animaux qui les nourrissent, la rivière qui les abreuve, les montagnes qui les protègent du vent, le ciel qui leur offre la pluie et le soleil en cadeau. Leur richesse, c'est leurs frères, leurs soeurs, leurs parents, leurs voisins qui leur apportent l'aide dont ils ont besoin et la compagnie qui rend la vie douce.




J'ai rencontré des hommes dans les yeux desquels brillait la liberté.


Mais le feu pétillant de ces âmes fières et indépendantes se mêlait toujours au rides profondes et à la peau tannée par les hivers rigoureux. Leur mains fortes et rêches, éprouvées par la vie et le travail sont les piliers sur lesquels peuvent se dresser ces esprits affranchis.

L'effort et la liberté. Indissociables partenaires, car la liberté a toujours un coût.

Il me semble maintenant que rien n'est plus difficile à acquérir que sa liberté, et la conserver est un combat au quotidien, une lutte permanente. Car il a toujours existé et il existera toujours des hommes qui voudront usurper ce droit, le plus sacré de tous pourtant.

Hier, les soviétiques, aujourd'hui le consumérisme outrancier et le matérialisme aveugle. Les murs de prison se dressent encore et encore pour réduire notre libre arbitre, restreindre notre jugement personnel et anéantir notre droit à vivre notre vie comme bon nous semble, pour être heureux à notre manière.

Point de vérité absolue et universelle, le bonheur est une fleur qui grandit au creux de nous-même. A chaque fleur sa couleur, sa forme, son odeur, à chaque personne sa façon d'être heureux.



Etre libre, c'est faire un choix. C'est refuser la facilité, le confort de laisser les autres décider à notre place. Etre libre c'est accepter de vivre avec moins, mais avec ce qu'on aura construit de ses propres mains. Bien peu de gens aujourd'hui sont assez forts pour être libres, moi la première...

Et pourtant, j'ai été ébloui par la force, la simplicité et la beauté de ces hommes et de ces femmes des steppes qui refusent de se laisser emprisonner dans notre confort moderne. Ils m'ont appris que la liberté existe, qu'elle est à portée de main, qu'elle est exigeante mais qu'elle en vaut assurément la peine.

Pourtant, les adolescents que nous avons rencontré veulent tous abandonner cette vie éprouvante pour la commodité des villes modernes. Peut-on leur en vouloir ? Le monde d'aujourd'hui a tout à offrir à ces jeunes plein de rêves et d'ambition. Il ne leur demande qu'un petit sacrifice en échange, pas grand chose en fin de compte, une légère amputation qu'ils ne sentiront à peine : leur âme libre de nomade.

Ces hommes et ces femmes appauvris s'entassent alors dans les villes comme Oulan-Bator, reclus derrière des barrières, cloîtrés par des cadenas, et des emplois du temps surchargés...

Leurs mains sont blanches et lisses mais leurs yeux sont éteints...