mercredi 5 mars 2014

Le sens de l'hiver

Un mois que je n'ai pas écrit... Le temps passe à une vitesse incroyable !
Comme vous vous en doutez, j'ai beaucoup de travail et peu de temps à moi.

L'hiver est toujours là, le mois de mars s'ouvre sur des matins à -20 et la nature est encore bien endormie, cloîtrée dans sa prison de glace. Nous avons eu une petite joie, il y a une semaine, le thermomètre a dépassé le zéro pendant quelques heures au moment le plus chaud de l'après-midi, nous nous sentions revivre un instant ! Il faisait presque chaud... Mais nous avons à peine eu le temps de sortir le nez de nos écharpes et d'offrir à notre visage les premiers rayons d'un printemps précose que nous replongions dans le froid sec et agressif de l'hiver...

Le froid, l'hiver.

La Mongolie met à l'épreuve le sens de ces mots. Ici, le froid n'est pas seulement cette sensation désagréable qui fait remonter des frissons le long de la colonne vertébrale. Ici, le froid est dangereux, C'est une menace permanente contre laquelle il faut toujours rester vigilant, une petite négligeance peut être fatale.

C'est un meurtrier.

 
"Il y a quelques semaines, à la campagne, une jeune famille se prépare pour les festivités du Tagaan Sar. Un matin, le père de famille part offrir son aide aux voisins. Les préparatifs de la fête étant très longs et conséquents, des bras supplémentaires ne sont jamais de refus. Le jour suivant, un des voisins arrive à la yourte de la famille pour demander à la mère de venir à son tour leur apporter de l'aide. L'entraide, comme l'accueil sont des choses qui ne se refusent pas dans les steppes. La mère laisse donc ses deux filles de 7 et 5 ans dans la yourte, pensant revenir le jour suivant.
Or, cette nuit-là, une tempête de neige envahit la campagne. Une tempête si violente, qu'on ne peut y voir à 2 mètres. La neige et le vent se déchainent et la yourte, isolée, tient tel un frèle rempart contre les assauts des éléments. A l'intérieur, les petites filles commencent à avoir froid, le feu se meurt. Elles décident de sortir chercher du bois pour la nuit. Mais la tempête est si violente, les bourasques de neige si denses, que les deux soeurs se perdent dans l'obscurité, incapables de disserner la silouette de la yourte à travers les trombes de neige. Elles ont froids, leurs membres commencent à s'engourdir, puis à geler.

Alors, la grande soeur enlève ses vêtements et les donnent à sa petite soeur. Tous ses vêtements.

Quelques heures plus tard, la tempête se clame, les parents peuvent alors revenir chez eux. Ils trouvent, à quelques mètres de la yourte, une petite fille à moitié gelée, sous un tas de vêtements... A côté d'elle, sa grande soeur, sans manteau,... et sans vie. Son petit coeur figé dans un écrin de glace."

Voilà une histoire qu'on m'a raconté cet après-midi, elle avait fait la Une des journaux mongols il y a quelques semaines. Une histoire parmi d'autres, une tragédie hivernale comme il y en a beaucoup ici. Dure, car on ne peut rien y faire, la Nature est toute puissante, on ne peut se révolter contre sa domination. On ne peut que s'émerveiller devant sa beauté, sa générosité, sa grandeur. Car nous ne sommes qu'une partie de son tout, qu'un membre frêle et fragile de son Ensemble.

La Nature terrifie et fascine les hommes. Et peut-être que pour se rassurer, pour nous rapprocher d'elle, nous avons voulu croire qu'elle "nous a créé à son image...".

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