dimanche 6 octobre 2013

La Mongolie, perdue au centre du monde.

La Mongolie va être extrêmement difficile à raconter, encore une fois... Existe-t-il des mots dans la langue française, pourtant si riche, pour décrire la beauté des gens, leur façon étrange de concevoir le monde, la beauté sauvage et rude de la steppe...

Mes cours à l'Alliance se déroulent le plus normalement du monde. Les étudiants prennent leur rythme en même temps que moi, et nous commençons à créer une certaine cohésion en classe... Enfin... Quand ils viennent ! Car la ponctualité mongole est, et de loin, la pire de toute ! Comptez toujours au moins un quart d'heure de retard. Mais on atteint très facilement la demi-heure, en toute circonstance, que ce soit pour un simple rendez-vous dans un café ou pour une réunion officielle. Certains imputent ce retard au trafic qui est certes une perte de temps monumentale pour les conducteurs et un danger permanent pour les piétons, mais je ne pense pas que ce soit l'unique raison... On m'avait pourtant prévenue ! Mais comme je ne suis pas non plus un exemple de ponctualité, je m'en accommoderai. Ce qui pourrait facilement énerver la pauvre petite occidentale que je suis ce ne sont pas tant les retards d'ailleurs, mais bien plutôt les absences ! Sur, disons, 8 inscrits, 4 en moyenne vont se présenter. Mais pas de panique, c'est normal ! ... Alors, si c'est normal... Il ne reste plus qu'à s'adapter !
J'ai un nouveau cours le samedi matin. Pas d'adultes cette fois, mais des enfants totalement débutants. Je sens que je vais bien m'amuser cette année ! Entre les cours pour adultes, pour enfants et les cours particuliers, sans parler des cours de mongol pour ma culture personnelle, ce sera une année placée sous le signe de la linguistique !

La vie à Ulaanbaatar est en pleine ébullition. Les rues sont remplies de jeunes couples (60% de la population a moins de 25 ans) qui se tiennent par la main, par la taille, par les épaules. A 16h, le centre-ville est plein de filles et de garçons sortant des différentes fac et qui courent prendre leur bus ou acheter des cochonneries à grignoter. Ces jeunes gens trainent sur les pavés avec de folles ambitions dans le regard. Si le monde ne leur appartient pas encore, la Mongolie quant à elle repose sur leurs solides épaules. Ils n'ont peur de rien et leur fierté se lit dans leur démarche ferme et assurée. La Mongolie n'a pas de soucis à se faire pour demain, les jeunes générations sont prêtes à tout pour faire rayonner leur pays au-delà des frontières. Prêtes à tout ? Et peut-être même un peu trop...

J'ai pu personnellement me rendre compte d'un sentiment inquiétant présent chez certains jeunes mongols. Il y a quelques jours, j'ai discuté longuement lors d'une soirée avec un mongol de 23 ans qui me tenait des propos à faire frémir toute personne ayant un minimum de notion en histoire européenne. Je ne m'étalerai pas sur le sujet, mais des termes comme "race supérieure", "garder le sang pur", "se mélanger c'est dégoutant" sont fréquemment sortis... Je ne veux surtout pas faire une généralité d'un cas particulier, mais après quelques recherches (lisez : http://www.theguardian.com/world/2010/aug/02/mongolia-far-right) et des discussions avec mes collègues mongoles, je commence regarder d'un mauvais oeil cette grande fierté nationale qui place plus que jamais Gengis Khan comme un véritable dieu devant l'éternel. Le fait d'avoir vu trois fois dans la rue des jeunes portant des T-shirts noirs arborant "fièrement" une croix gammée m'a définitivement convaincue : le tournant ultra-identitaire et nationaliste que prend la jeunesse mongole ne présage rien de bon. 
Mais puis-je vraiment dire quelque chose alors que dans mon propre pays, faire porter les problèmes et les difficultés quotidiennes de la société sur les minorités est un discours qui ne choque plus personne ?

La situation de la Mongolie est très complexe. C'est un  immense pays, mais c'est un pays "vide" (à peine 3 million d'habitants) et il est coincé entre deux mastodontes de l'économie mondiale, la Russie et la Chine. Il y a effectivement de bonnes raisons de vouloir défendre son identité, car la Chine aimerait peut-être faire en Mongolie ce qu'elle a pu faire au Tibet. Vraiment ? C'est ce que certains disent ici... Mais les grandes firmes européennes, (et particulièrement françaises telle qu'AREVA pour ne citer qu'elle) qui pompent allègrement les ressources du sous-sol mongols ne laisseraient certainement pas faire une telle chose... Intérêts économiques obligent. 
Bref, je m'arrête là même si le sujet mériterait bien plus d'argumentation, je sens que je ne gagnerai pas votre intérêt à le faire... :)

Comme vous le constater, je découvre le pays. Et au-delà de tout ce que je vous ai raconter, je me plais beaucoup ici ! Je rencontre beaucoup de gens. Je reviens aujourd'hui d'une virée dans le parc national Terelj (photos : https://plus.google.com/u/0/photos/110487609234800881589/albums/5931582801294794545). Ma première sortie en dehors de la ville ! Quel plaisir ! Mes poumons ont redécouvert le bonheur de se remplir d'air frais et pur. Le vent était déjà piquant mais une petite grimpette jusqu'au temple nous a bien réchauffés. 
A peine les portes de la ville passées, c'est la Mongolie sauvage idéalisée dans notre imaginaire occidental qui surgit devant nous ! La route zigzague dans une steppe immense, rude et majestueuse. Les yourtes autour desquelles broutent d'immenses troupeaux sont comme de petites tâches blanches et fumantes sur la toile grandiose de la Nature. Des cavaliers surgissent de nulle part et disparaissent comme ils sont apparus. Vautours, chevaux sauvages et domestiqués, chameaux et même rennes ! Cette journée aura été riche en découverte !
J'attends maintenant avec une impatiente folle une nouvelle occasion de savourer ce que je n'ai goûter que du bout des lèvres aujourd'hui.

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