samedi 12 octobre 2013

L'hiver arrive...

Encore une semaine de passée. Je commence à me perdre dans ce pays si différent du mien et tellement éloigné des clichés que l'on peut en avoir.

Je prends le temps de faire un nouvel article car aujourd'hui c'est journée lessive ! Et comme ma machine est une "semi-automatique", il faut que je la remplisse et que je la vide moi-même... Après 2 inondations de salle de bains et une bonne série d'arrachage de cheveux, je maitrise à peu près la bête ! Mais comme les cycles automatiques ne sont que de 15 minutes, je ne peux  pas m'éloigner très longtemps... Et bien sûr, pour rendre les choses encore plus simples, le cycle d’essorage ne fonctionne pas... Le terme "semi-automatique" est donc très discutable... Ah ! La joie de la modernité, la simplification du quotidien ... Blablabla !



Hier soir, les premiers flocons de neige de l'année sont tombés ! En quelques minutes, les rues se sont recouvertes du familier manteau blanc, éclaireur annonçant l'arrivée imminente du long, du rude hiver sibérien. 


 Je suis aux anges ! Et oui, aussi étrange que cela puisse sembler, et je dois vous dire qu'il m'a fallu du temps pour me l'avouer, mais il faut bien que je vous le dise, que je me confesse : j'aime l'hiver !! (ah ! Un instant, je dois aller vider ma machine à laver... où est-ce que j'ai mis ma bassine ??)
Je disais donc que je préfère parcourir des étendues gelées, me noyer dans un océan de neige, m’emmitoufler dans un long manteau et chausser d'épaisses bottes fourrées ...

(d'ailleurs, voici mes dernières acquisitions : chaussettes en poils de chameau


 Et bottes fourrées :


... plutôt que de me cramer la peau sur une plage noire de touristes bouffant leur glace vanille-fraise. Le froid conserve, la chaleur pourrit... Bon, il est vrai que je ne suis pas contre un bel été plein de couleurs, de fruits et de soirées en terrasse, mais que voulez-vous... J'aime l'hiver ! :)

Et il semble que je ne sois pas la seule ! On pourrait croire que dans ce pays où l'hiver dure 6 mois, les gens sont légèrement blasés, si ce n'est aigris par l'arrivée de la neige. Et pourtant, hier soir, tout le monde sortait dans la rue, en pyjama, pour avaler les premiers flocons et se prendre en photo la tête et les épaules recouvertes de poudre blanche.

Nous sommes tellement semblables ! Car qu'y a-t-il de si excitant à voir la neige tomber ? Pourquoi, partout autour du globe, les gens redeviennent des enfants à la vue de ce simple phénomène naturel qui se renouvelle chaque année ? Nous sommes tous pareils, peu importe l'endroit où nous sommes nés, une mère et un père porteront toujours le même regard d'amour sur leur enfant, la douleur aura toujours le même visage, et les petits comme les grands sortiront toujours dehors la tête tournée vers le ciel et le sourire aux lèvres quand les premiers flocons de neige tomberont du ciel.

Il est une autre chose qui transcende les frontières, et c'est ce sentiment extrêmement désagréable, ce besoin animal de défendre et de revendiquer son identité, qui naît au plus profond de soit lorsque l'on se sent rejeter pour le simple fait d'être différent. Il est difficile de le concevoir avant d'y être réellement confronter.

Ici, je fais partie des immigrés (car le terme "expatrié" est simplement là pour nous rassurer et nous différencier des autres, mais les français et les occidentaux en général qui vivent en dehors de leur pays sont bien des immigrés établis dans un pays d'accueil!) , je fais donc partie des immigrés appartenant à la minorité visible dans un pays où le sentiment ultra-nationaliste va grandissant (à lire : http://www.monde-diplomatique.fr/2013/03/GENTE/48814 ), je passe de l'autre côté de la barrière dans une situation qui me semble familière...

Le sentiment propre aux occidentaux d'être "partout les bienvenus" est très vite ravalé, nous ne sommes pas des expatriés accueillis les bras ouverts dans un pays idolâtrant le modèle occidental, mais nous sommes des immigrés tolérés qui devrons rendre des comptes et s'adapter avant d'être accepter dans la communauté. Rien de plus normal après tout, pour être accepté dans son pays d'accueil, il faut se plier aux règles de celui-ci. Et pourtant, rien n'est plus que compliqué de s'intégrer dans un pays qui ne ressemble en rien au sien et où même apprendre la langue est un vrai calvaire... Et je me dis que ce qui est vrai en Mongolie doit être vrai aussi en France, avec un avantage pour ma part car je suis venue ici de mon plein gré, je ne fuyais pas à contre-cœur un pays en guerre (par exemple) ...

Cela dit, dans ce contexte, les relations qui se créent sont sincères et ne souffrent d'aucuns tabous. Les mongols sont fiers et entiers, ils ne font pas de courbettes ni de grands sourires mais serrent chaleureusement la main, le regard droit.

Quelle culture ! quelle richesse! quelle fierté ! Je suis à la fois perturbée et en admiration, ce pays me fascine. La dureté des regards, les gestes parfois déplacés dans la rue, à tout cela, je n'y étais pas préparée, mais la richesse et la sincérité des relations avec les gens m'enchantent et me captivent.

Je vais maintenant essorer et étendre mon linge !
J'espère que vous allez tous bien. Donnez-moi de vos nouvelles !

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