Après deux jours passés en total isolement, à 3 heures de route de la ville la plus proche, nous devons, cette fois contraintes et forcées, faire notre sac pour la dernière fois. Les vacances sont finies, Oulan-Bator et nos obligations professionnelles nous attendent.
Le taxi est arrivé. Nous finissons notre Suutai tsai (thé au lait) prestement, puis disons au-revoir à la famille qui nous a hébergées, un dernier coup d'oeil dans la yourte pour vérifier que nous n'avons rien oublié et nous embarquons. Au revoir Amarbayansgaland ! La tradition veut que nous te fassions la promesse de revenir dans 10 ans. Je l'ai faite, et j'espère pouvoir la tenir !
Notre chauffeur est venu accompagné de son meilleur ami et alors que nous nous éloignons de notre petit coin de paradis blanc, les efforts de communication reprennent bon train dans la voiture. Le monastère pourtant si imposant devient rapidement une petite tâche noire sur l'immense manteau blanc de la plaine puis, au détour d'une colline, disparait, comme les images futiles des rêves qui nous glissent entre les doigts au petit matin. Direction Dakhan pour prendre le train de nuit qui nous ramènera à la capitale, une légère mélancolie nous traverse, nous serions bien restées quelques jours, quelques vies, de plus. Nous quittons un lieu clair, blanc, vide et apaisant, grandiose, pour retrouver les rues noires encombrées et irrespirables d'Oulan-Bator. Pire que le chagrin de l'écolier qui retourne à l'école après des vacances ensoleillées, nous sommes démoraliser à l'idée de savoir que, dans quelques heures, nous serons à nouveau sous le nuage épais et nauséabond de la capitale la plus polluée du monde...
Notre train quitte Dakhan à 22 heures. Nous voyageons de nuit dans un wagon-couchette. Le train est plein et nous nous frayons avec peine un chemin vers notre banette. Le wagon est découpé en petits compartiments ouverts, chaque compartiments comportant 6 couchettes (3 d'un côté et 3 de l'autre). Les espaces n'étant pas fermés, les occupants d'un compartiment peuvent très facilement voir ce qui se passe dans celui d'à côté.
Nous rangeons d'abord nos sacs sous la banquette du bas puis nous nous hissons, avec la grâce d'un Orang-outan, sur les couchettes du milieu. Il fait très chaud et l'espace à notre disposition n'est pas large, mais nous sommes à l'aise. Tout est calme et silencieux. Un monsieur bedonnant dort torse-nu, une mamie caresse les cheveux de son petit fils qui s'est endormi sur ses genoux, une adolescente envoie une dizaine de textos à la minute et un jeune homme écoute de la musique la tête appuyée contre la vitre... Et la locomotive emmène tout ce petit monde à travers la steppe sombre. Dans quelques heures nous aurons rejoint le centre névralgique du pays, mais en attendant, la tête sur l'oreille, bercé par les mouvements réguliers du convoi, nous nous enfonçons dans un sommeil paisible...
6 heures plus tard, nous sommes réveillées par l'activation des passagers. Il est 5 heures du matin, le soleil n'est pas levé et nous pénétrons dans Oulan-Bator. Nous distinguons les habitations et les yourtes des quartiers nord de la ville à travers les vitres du train. Un épais nuage de fumée stagne dans les rues. La vue de cette masse dense de pollution nous désole et, sans enthousiasme, nous nous préparons à l'arrivée en gare. A peine sorties du train, elle est déjà partout, on la respire à plein nez, elle pique les yeux, elle assèche la gorge... Impossible de se retenir de tousser, il faut un peu de temps pour s'habituer à cette odeur suffocante de charbon brûlé. Le matin et le soir sont les moments de la journée où le taux de pollution est le plus élevé, car c'est le moment où les habitants des quartiers de yourtes allument leur poêle à charbon pour se chauffer et faire la cuisine. Au delà du charbon, qui est souvent de mauvaise qualité et qui, de ce fait, se consume mal, les habitants brûlent leur poubelles ou des pneus pour se réchauffer. Ajoutez à cela le défilé incessant des pots d'échappement dans les rues encombrées et vous n'aurez encore qu'une vague idée de l'atmosphère irrespirable de la ville. On m'avait prévue, mais je n'aurais jamais pu imaginer l'ampleur du phénomène. Deux jours après notre retour, j'ai chopé un énorme rhume dont je n'arrive toujours pas à me défaire... Marcher 20 minutes dehors pour aller travailler est devenu une véritable épreuve de force pour les poumons. Tout le monde évite le plus possible de sortir après 18 heures car à partir de là, on a du mal a distinguer le sommet des buildings , noyés dans une purée épaisse et sombre. Si on veut aller en boîte après la tombée de la nuit, on prend un taxi, même si le bar est à 15 minutes de marche, et après une journée de travail, on s'empresse de se débarrasser de ses vêtements tout imprégnés de l'odeur asphyxiante de fumée.
Oulan-Bator arrive deuxième au triste palmarès des villes les plus polluées du monde (pollution aux microparticules), loin devant Pékin ou Mexico, qui ne sont même pas dans le top 10. Le UB Post (journal d'information mongol publié en anglais) d'hier titrait "Le pays du ciel bleu ? La pollution est responsable de 25 % des décès à Oulan-Bator". 25% !!! 1 personne sur 4 qui décède aujourd'hui à Oulan-Bator est une victime de l'air. Il y a 2 ans, c'était 1 sur 10...
Les hôpitaux répertorient une augmentation effrayante de problèmes cardiaques, cérébraux et pulmonaires. La tuberculose frappe de nombreuses personnes, et comme partout, les enfants en sont les premières victimes (directes ou indirectes). particules fines dans l'air PM2.5 (de 2,5 microns de diamètre) . A Oulan-Bator, ce taux peut grimper au-delà de 600
Le taxi est arrivé. Nous finissons notre Suutai tsai (thé au lait) prestement, puis disons au-revoir à la famille qui nous a hébergées, un dernier coup d'oeil dans la yourte pour vérifier que nous n'avons rien oublié et nous embarquons. Au revoir Amarbayansgaland ! La tradition veut que nous te fassions la promesse de revenir dans 10 ans. Je l'ai faite, et j'espère pouvoir la tenir !
Notre chauffeur est venu accompagné de son meilleur ami et alors que nous nous éloignons de notre petit coin de paradis blanc, les efforts de communication reprennent bon train dans la voiture. Le monastère pourtant si imposant devient rapidement une petite tâche noire sur l'immense manteau blanc de la plaine puis, au détour d'une colline, disparait, comme les images futiles des rêves qui nous glissent entre les doigts au petit matin. Direction Dakhan pour prendre le train de nuit qui nous ramènera à la capitale, une légère mélancolie nous traverse, nous serions bien restées quelques jours, quelques vies, de plus. Nous quittons un lieu clair, blanc, vide et apaisant, grandiose, pour retrouver les rues noires encombrées et irrespirables d'Oulan-Bator. Pire que le chagrin de l'écolier qui retourne à l'école après des vacances ensoleillées, nous sommes démoraliser à l'idée de savoir que, dans quelques heures, nous serons à nouveau sous le nuage épais et nauséabond de la capitale la plus polluée du monde...
Notre train quitte Dakhan à 22 heures. Nous voyageons de nuit dans un wagon-couchette. Le train est plein et nous nous frayons avec peine un chemin vers notre banette. Le wagon est découpé en petits compartiments ouverts, chaque compartiments comportant 6 couchettes (3 d'un côté et 3 de l'autre). Les espaces n'étant pas fermés, les occupants d'un compartiment peuvent très facilement voir ce qui se passe dans celui d'à côté.
Nous rangeons d'abord nos sacs sous la banquette du bas puis nous nous hissons, avec la grâce d'un Orang-outan, sur les couchettes du milieu. Il fait très chaud et l'espace à notre disposition n'est pas large, mais nous sommes à l'aise. Tout est calme et silencieux. Un monsieur bedonnant dort torse-nu, une mamie caresse les cheveux de son petit fils qui s'est endormi sur ses genoux, une adolescente envoie une dizaine de textos à la minute et un jeune homme écoute de la musique la tête appuyée contre la vitre... Et la locomotive emmène tout ce petit monde à travers la steppe sombre. Dans quelques heures nous aurons rejoint le centre névralgique du pays, mais en attendant, la tête sur l'oreille, bercé par les mouvements réguliers du convoi, nous nous enfonçons dans un sommeil paisible...
6 heures plus tard, nous sommes réveillées par l'activation des passagers. Il est 5 heures du matin, le soleil n'est pas levé et nous pénétrons dans Oulan-Bator. Nous distinguons les habitations et les yourtes des quartiers nord de la ville à travers les vitres du train. Un épais nuage de fumée stagne dans les rues. La vue de cette masse dense de pollution nous désole et, sans enthousiasme, nous nous préparons à l'arrivée en gare. A peine sorties du train, elle est déjà partout, on la respire à plein nez, elle pique les yeux, elle assèche la gorge... Impossible de se retenir de tousser, il faut un peu de temps pour s'habituer à cette odeur suffocante de charbon brûlé. Le matin et le soir sont les moments de la journée où le taux de pollution est le plus élevé, car c'est le moment où les habitants des quartiers de yourtes allument leur poêle à charbon pour se chauffer et faire la cuisine. Au delà du charbon, qui est souvent de mauvaise qualité et qui, de ce fait, se consume mal, les habitants brûlent leur poubelles ou des pneus pour se réchauffer. Ajoutez à cela le défilé incessant des pots d'échappement dans les rues encombrées et vous n'aurez encore qu'une vague idée de l'atmosphère irrespirable de la ville. On m'avait prévue, mais je n'aurais jamais pu imaginer l'ampleur du phénomène. Deux jours après notre retour, j'ai chopé un énorme rhume dont je n'arrive toujours pas à me défaire... Marcher 20 minutes dehors pour aller travailler est devenu une véritable épreuve de force pour les poumons. Tout le monde évite le plus possible de sortir après 18 heures car à partir de là, on a du mal a distinguer le sommet des buildings , noyés dans une purée épaisse et sombre. Si on veut aller en boîte après la tombée de la nuit, on prend un taxi, même si le bar est à 15 minutes de marche, et après une journée de travail, on s'empresse de se débarrasser de ses vêtements tout imprégnés de l'odeur asphyxiante de fumée.
Oulan-Bator arrive deuxième au triste palmarès des villes les plus polluées du monde (pollution aux microparticules), loin devant Pékin ou Mexico, qui ne sont même pas dans le top 10. Le UB Post (journal d'information mongol publié en anglais) d'hier titrait "Le pays du ciel bleu ? La pollution est responsable de 25 % des décès à Oulan-Bator". 25% !!! 1 personne sur 4 qui décède aujourd'hui à Oulan-Bator est une victime de l'air. Il y a 2 ans, c'était 1 sur 10...
Les hôpitaux répertorient une augmentation effrayante de problèmes cardiaques, cérébraux et pulmonaires. La tuberculose frappe de nombreuses personnes, et comme partout, les enfants en sont les premières victimes (directes ou indirectes). particules fines dans l'air PM2.5 (de 2,5 microns de diamètre) . A Oulan-Bator, ce taux peut grimper au-delà de 600
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