dimanche 5 janvier 2014

Sublime Mongolie (partie 1) !

Le 28 décembre au matin, nous nous levons avec le soleil. Les sacs sont prêts et le taxi nous attend. Une fois le café avalé, il ne reste plus qu'à chausser nos bottes et nous voilà parties pour la gare.
Nous avons prévu de laisser place à l'imprévu ! Nous n'avons rien réservé, à part le billet de train. Nous savons à peu près où nous allons mais pas ce que nous y ferons. L'aventure sera au bout du chemin !


10 heures à voir défiler les immenses steppes gelées de Mongolie dans ce train mythique qui fait rêver tant de voyageurs de la planète : le transmongolien. Bien plus qu'un voyage dans l'espace, c'est un voyage dans le temps que nous allons vivre en empruntant cette unique voie ferrée reliant Pékin à Moscou et nous ne pouvons retenir notre excitation !





Sur le quai, le froid est saisissant et nous attendons au chaud dans le hall de la gare le moment de pouvoir embarquer. Assises sur notre banc, nous nous faisons ouvertement dévisager par les autres voyageurs, il est vrai que les touristes se font très rares à cette période de l'année...





En posant le pied sur la première marche du wagon, nous avons la sensation de plonger dans le décor d'un roman d'Agatha Christie. Nous ne serions pas surprises de croiser Hercule Poirot dans le corridor qui nous mène jusqu'à notre cabine. Les contrôleuses en uniforme, le ballon d'eau chaude chauffé au charbon, les couvertures, les rideaux et les coussins à la mode russe, tout semble dater d'une autre époque.








A intervalle régulier, le train s'arrête, parfois dans une gare (i.e. un panneau indiquant un petit regroupement d'habitations...), parfois, au milieu de nulle part. Quelques passagers descendent alors, puis le convoi reprend son rythme lent et nous nous laissons alors bercer par les "taco-tac" des roues glissant sur les rails. De la neige à perte de vue, des montagnes au loin, quelques yourtes encerclés par des troupeaux de moutons, le regard se perd, l'esprit s'évade et la contemplation devient une activité à part entière.



La nuit est déjà tombée quand nous arrivons à notre destination. La petite ville de Suukhbaatar nous accueille et nous arpentons quelques mètres de trottoir verglacés avant d'entrer dans l'imposant hôtel "Selenge", le seul qui semble être ouvert. Nous demandons une chambre pour une nuit seulement car l'accueil y est glacial. Nous trouverons peut-être un petit hôtel plus sympathique demain.


A 9h le lendemain, nous sommes déjà sur le départ quand une jeune dame vient frapper à notre porte pour nous apporter le petit-déjeuner... Qu'importe,  nous tassons le saucisson, les oeufs et le pain au fond de notre sac, nous les mangerons au déjeuner, et nous partons à l'assaut de Suukhbaatar ! Nous trouvons rapidement un hôtel "familial" très mignon où nous établissons domicile pour les prochaines 24h. Les chambres sont neuves, si bien que la douche n'est pas encore terminée, aucune importance, de toute façon il n'y a pas d'eau chaude...
Nous baragouinons quelques mots en mongol avec la dame de l'accueil qui, au bout de 10 minutes, comprends que nous cherchons à louer les services d'un chauffeur pour nous emmener au poste frontière russo-mongol. Une heure plus tard, un monsieur peu causant d'une quarantaine d'année passe nous prendre à l'hôtel et nous embarquons dans sa voiture. House de siège "hello Kitty", pare-soleil "Mickey Mouse" pendentif animiste au rétroviseur et le Soyombo (symbole national de la Mongolie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Soyombo) aux fenêtres, encore un bel exemple du bouillon culturel mongol.
Après 24 kilomètres d'une route droite, nous atteignons le poste frontière, nous apercevons au loin le dôme d'une église orthodoxe. C'est tout ce que nous verrons de la Russie ! Quelques photos et nous repartons...


Notre chauffeur semble alors s'ouvrir à la communication et nous échangeons quelques mots. Il nous propose de nous emmener sur 3 sites "mach goy" (très beau), nous sommes ravies ! Premier arrêt, une source d'eau chaude... gelée. C'est un petit geyser dans lequel est planté une branche habillée de morceaux de tissu bleu, marquant l'emplacement d'un lieu sacré pour les animistes. Pour honorer les esprits il est conseillé de déposer un petit peu d'argent dans les plis de tissu puis de faire trois tours autour de la branche. L'exercice devient rapidement périlleux quand la branche se trouve au centre d'une grande patinoire, mais nous ne voulons pas nous attirer la foudre des esprits de la nature dès le début de notre voyage, nous nous exécutons donc.

Juste derrière le geyser se trouve une immense stèle que Gengis Khan lui-même aurait dressée et plantée dans le sol (il est vraiment trop fort ce Gengis Khan !).


Deuxième étape, le "Eej Mod" (l'arbre mère), haut lieu sacré pour les animistes. Nous n'avons pas apporter de riz et de lait qui sont les offrandes de rigueur... Mère Nature devra se contenter de nos sincères et profonds remerciements pour les merveilles qu'elle nous donne à voir chaque jour.



Dernière étape de notre première journée, un lieu très apprécié des habitants de la région et qui, bien sûr, ne se trouve pas sur nos guides... (Nous aurions d'ailleurs 2-3 mots à dire à l'équipe de rédaction du Lonely Planet de Mongolie à l'occasion...)
Le soleil commence à décliner quand nous entreprenons de gravir les quelques marches qui nous mènent jusqu'au point de vue, le froid est glacial et la neige épaisse. Nous atteignons rapidement le point culminant du site et puis, le souffle s'arrête, les larmes montent aux yeux.... Devant nous, à perte de vue, l'immensité ! Les montagnes enneigées, les plaines gelées, en bas la rivière prisonnière de la glace, tout le paysage semble figé dans son manteau d'hiver. Le silence est absolu.
Notre chauffeur nous fait une brève description de ce que nous avons sous les yeux "à droite le lac Baïkal, la Russie, à gauche Selenge, la Mongolie". Et au milieu, nous, toutes petites, insignifiantes.


Le soleil se couche, il faut repartir pour ne pas être pris par la nuit, de toute façon, notre visage commence à être pétri de froid... De retour en ville, nous nous arrêtons dans un "guantz" (une cantine mongole). Au menu du soir : khuushuurs (beignets frits garnis de viande de mouton) et suutai tsai (thé au lait mongol). Nous mangeons sous le regard amusé d'un mongol qui n'a pas arrêté de nous prendre en photo avec son iphone. Nos nombreuses gesticulations pour lui faire comprendre qu'une demi douzaine de photos devraient être suffisantes maintenant ne faisant que renforcer son hilarité, nous décidons d'écourter notre dîner et de nous réfugier à l'hôtel...

Le soir, la tête sur l'oreiller, les paysages blancs défilent encore derrière nos paupières closes.

Dernier jour à Suukhbaatar, notre train pour Dakhan partira ce soir à 20h40. Nous laissons notre sac à la consigne de la gare et nous partons pour une petite marche sur la rivière "Orkhn". L'avantage des rivières gelées, c'est qu'on a pas besoin de pont pour les traverser ! Il est bien difficile d'ailleurs de faire la différence entre un sol couvert de neige et une rivière gelée couverte de neige... Si bien que ce n'est qu'après avoir fait quelques pas sur celle-ci que nous nous rendons compte qu'effectivement, nous ne sommes plus sur la "terre ferme"...

Nous jouons comme des gamines à imaginer que la glace cède sous nos pas, quand... un craquement... et ma jambe s'enfonce sous la surface jusqu'au genou.


Les filles se croyaient farouches, mais elles font moins les malignes maintenant ! Il reste une vingtaine de mètres avant d'atteindre l'autre berge... L'adrénaline monte à la gorge. On avance délicatement mais prestement, en serrant les dents pour moi et en chantant tout un tas de bêtises pour Alisson (chacun son truc pour faire passer le stress...). Enfin, nous voilà sur la berge ! Les nerfs se relâchent et Alisson arrête de chanter. On rit de notre panique "c'était quand même pas grand chose !" et puis, le rire devient jaune lorsqu'on se rend compte qu'il va falloir retraverser la rivière pour rejoindre la ville... Cette fois, je m'y mets aussi (si ça marche !), et nous voilà, deux petites françaises en train de chanter des chansons paillardes sur une rivière gelée de Mongolie. Plus tu chantes fort, moins tu entends la glace craquer, c'est un fait !
Une fois en ville, nous cherchons un endroit au chaud pour tuer le temps en attendant l'heure de prendre notre train. Nous tentons le "Modern nomads", restaurant chic et ambiance chants de Noël. En une patrie d'échecs, nous en sommes à la cinquième écoute de "Happy New Year" de ABBA (on aimerait parfois que certaines chansons soient moins "internationales"). ENFIN, l'heure de rejoindre la gare arrive ! Après quelques minutes d'attente dans le hall plein à craquer, le train entre en gare et la foule se précipite sur le quai. Nous ne sommes plus en cabine individuelle mais dans un wagon non compartimenté. Rien de désagréable en soit si ce n'est les regards insistants et interrogateurs de nos compagnons de voyage. Cela dit, nous sommes bien les premières à rire de notre dégaine d'arriviste, avec nos gros sacs à dos, le bonnet descendant jusqu'aux yeux, l'écharpe montant jusqu'au nez, les jambes compressées dans nos grosses bottes mongoles et la souplesse de mouvement très restreinte à laquelle nos 15 couches de vêtements nous limitent...
Dans 2 heures, nous arriverons Dakhan, deuxième plus grande ville de Mongolie...

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